Un physique hors norme

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La reine, cet être unique

Publié le 21/10/2016

La reine des abeilles est unique, à bien des égards : reproduction, morphologie, comportement... Quels sont ses secrets ? Règne-t-elle sur une colonie entière sans difficultés ?

Un physique hors norme

Il n'y a qu'à regarder cette illustration pour vous en convaincre :

La reine des abeilles est reconnaissable parmi toutes par sa taille : son corps, plus gros et plus allongé, mesure 20mm (contre 15mm pour une ouvrière). Mais étonnement, ses ailes ne sont pas plus grandes et ne recouvrent pas l'intégralité de son abdomen.

Autres particularités liées à son rôle : elle ne possède ni glandes cirières (elle ne construit pas de rayons de cire), ni d'organes de récolte ou de succion, indispensables au butinage. Car la reine ne collecte ni nectar ni pollen ! Elle ne quitte la ruche qu'une fois au début de sa vie, pour le vol nuptial. Ainsi, tout organe présent chez les ouvrières mais inutile au rôle de reproduction, est absent du corps de la reine.

A lire : Abeilles, chacune son rôle



Un rôle unique : donner la vie

La reine est la seule femelle féconde de la ruche et donnera naissance à toutes les abeilles de la colonie, qu'il s'agisse d'ouvrières ou de faux-bourdons.

Quand vient l'heure de la fécondation, après quelques jours de vie, la jeune reine vierge quitte la ruche et s'envole afin de connaitre le seul et unique coït de sa vie. Les mâles forment un nuage et se lancent dans une course effrénée dans le but d'atteindre la reine. Lors du vol nuptial, l'appareil génital de l'abeille mâle restera accroché à la reine, se séparant ainsi de l'abdomen du faux-bourdon. A la manière d'une ouvrière qui verra son abdomen arraché après avoir piqué un étranger, le mâle mourra dans les minutes suivant le coït. 

Une fois sa spermathèque remplie, la reine fécondée rentre à la ruche et n'en sortira plus. Désormais, elle passera ses journées à pondre, jusqu'à 2 000 oeufs, soit plus d'un oeuf par minute !

Les cycles de ponte sont fonction des températures extérieures : le plus fort de la production se fera en mai, juin et juillet puis le rythme diminuera jusqu'à devenir nul en décembre, janvier, février pour reprendre en mars, avril.



Fille ou garçon, c'est au choix !

Selon les besoins de la colonie, la souveraine choisit de pondre des oeufs fécondés (femelles = abeilles ouvrières) ou non-fécondés (mâles = faux-bourdons).

Rappelons que les mâles n'ont pour rôle que de féconder les reines vierges, de n'importe quelle ruche. Aussi, une reine qui met des faux-bourdons au monde oeuvre pour les colonies voisines.

A moins que cela ne soit dû à l'âge avancé de la reine. Dans ce cas, les ouvrières sont alertées et prévoient la "préparation" de nouvelles souveraines. A défaut, la ruche sera uniquement peuplée de mâles : on dit qu'elle devient "bourdonneuse" et ne pourra survivre.

A lire : Bourdon, le vrai du faux

Une naissance particulière : tuer pour survivre

Si son unique but est de donner la vie, elle commence souvent la sienne par un fratricide. En effet, lorsque les ouvrières sentent qu'il est temps de mettre une nouvelle reine au monde pour perpétuer la vie de leur ruche (suite à la mort accidentelle de la souveraine, un essaimage ou face au vieillissement de la reine), elles vont produire plusieurs cellules royales (cellules en forme de doigt dépassant des cadres).

La plus rapide à naitre sera l'élue et sa première tâche sera de mettre fin à la vie des autres reines conçues en parallèle. Pour cela, elle se servira de son dard. Contrairement à celui des ouvrières, en forme de harpon (qui provoque leur mort après leur première piqûre en arrachant leur propre abdomen), celui de la reine est complètement lisse. Elles peuvent donc s'en servir plusieurs fois, sans que cela ne leur porte préjudice.

L'espérance de vie d'une reine est de 4 à 5 ans, contre 5 à 6 semaines pour une ouvrière. Exclusivement nourrie de gelée royale (et nettoyée par les autres abeilles) tout au long de sa vie, la reine garde sa position de seule abeille féconde en inhibant les systèmes reproducteurs des butineuses par l'émission de messages chimiques, à base de phéromones. Si la reine disparait, les hormones des ouvrières reprennent le dessus et le flambeau de la reproduction sera repris. Seul problème : les oeufs des sujets de la reine ne sont pas fécondés et donneront 100% de mâles. La ruche sera vouée à mourir.


Si la mère des abeilles est appelée "reine", elle n'en est pas pour autant celle qui régit la vie de la ruche. Au contraire, elle en est même dépendante, puisqu'elle ne peut se nourrir seule ou assurer le développement des larves. Ce sont bel et bien les ouvrières, les forces vives des ruches. 

Sylvia Caron