Et si les nouvelles technologies sauvaient les abeilles ?

Publié le 11/07/2018

Et si les nouvelles technologies sauvaient les abeilles ?

Bertrand Laurentin, 32 ans, fondateur de la start-up Label Abeille, située à Fleury-Les-Aubrais, près d’Orléans, y croit. Cet apiculteur formé en 2012 au Centre d’études techniques apicoles se lance dans l’entreprenariat en juin 2015. Il élabore un boîtier électronique jaune et noir en forme d’abeille qui se pose sous une ruche. Truffé de capteurs, l’appareil permet de transmettre des données et de surveiller la santé des abeilles via une application mobile. Une fois le boîtier acheté (640 euros), les apiculteurs connectés s’acquittent d’un abonnement mensuel de 10 euros. En 2015, Bertrand Laurentin a ainsi enregistré un chiffre d’affaires de 150 000 euros. Label Abeille propose des solutions différenciées pour les apiculteurs, les entreprises ou les particuliers passionnées d’apiculture. Les indications fournies par le boîtier sont très complètes : humidité, luminosité, pression, etc. Comme l’explique son créateur :

« Grâce au calcule la masse de la ruche, qui comprend également le poids du miel, du pollen, de la cire, on peut connaitre en temps réel le niveau de production du miel. » Autre indicateur : la température. « On ne doit jamais ouvrir une ruche à une température inférieur à 14°C. Cela fragiliserait la colonie, préconise Bertrand Laurentin. A l’inverse en cas de grande chaleur, il faut ajouter un abreuvoir. »

Les informations transmises par l’appli permettent aux apiculteurs de ne se déplacer que s’il y a urgence. Ce qui constitue un gain de temps notable…

Label Abeille promet également une chute de la surmortalité – 2018 atteint un record dans de nombreux départements français avec la mise en place d’alertes programmées par l’apiculteur, qui se déclenchent en cas d‘apparition de données anormales à l’intérieur de la ruche et autorisent des interventions rapides. L’hécatombe des abeilles est due, principalement, au néonicotinoïdes, des agents toxiques employés comme insecticides. L’enjeu est primordial pour les apiculteurs et les particuliers et certaines entreprises s’y intéressent de près. Une vingtaine de grands groupes (Crédit agricole, Sopexa, Groupama, BPI France, CAF de Paris…) ont investi dans des ruches et utilisent l’appli de Label Abeille. Installer des ruches est pour eux une manière de valoriser leur démarche environnementale. Au point que les abeilles sont devenues les stars de la responsabilité sociétale des entreprises.

 
 LABEL ABEILLE - Article Le Point


Pédagogie

Mais cet engagement ne doit pas s’arrêter à ce stade, selon Bertrand Laurentin : « les entreprises ont le devoir de sensibiliser leurs salariés au destin des abeilles, à leur cause, qui met en danger tout notre écosystème naturel, soutient-il. Il est fréquent que les grands groupes installent des ruches sans en expliquer l’enjeu aux salariés. Il faut faire de la pédagogie sur les abeilles. » Dans les entreprises, les salariés ont accès a l’application mobile et peuvent ainsi prendre des nouvelles des ruches connectées. A l’avenir, l’entrepreneur souhaiterait « installer à l’accueil des entreprises un écran d’affichage présentant directement les informations de la ruche ». Depuis un an, Bertrand Laurentin est installé à Station F, l’incubateur de start-up géant de l’entrepreneur Xavier Niel. L’apiculteur multiplie les allers-retours entre ses ruches à Orléans et à Paris. Il estime avoir réussi « une bonne récolte, soit une cinquantaine de kilos pour les meilleures ruches »

 

Big data

Bertrand Laurentin a conçu un boîtier truffé de capteurs électroniques qui, fixé sous une ruche, analyse en temps réel son activité. « Les entreprises qui installent les ruches ont le devoir de sensibiliser leurs salariés au destin des abeilles. » Bertrand Laurentin (Label Abeille)