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La tech au secours des Apiculteurs

Publié le 26/06/2019

Thierry Ferrère, 50 ans, est apiculteur amateur dans le Lauragais, aux alentours de Toulouse. Aux mois de janvier-février, les habitantes de six des sept ruches qu’il avait installées à Lézignan-Corbières, une commune de l’Aude, sont mortes. Comme lui, chaque année, de nombreux apiculteurs font face à de tels dégâts. Le taux de mortalité des abeilles n’a jamais été aussi élevé, de 30% en moyenne et jusqu’à 50 voire 80% à certains endroits, indiquait le porte-parole de l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf) Henri Clément à Libération en 2018. Et leur productivité, de fait, chute elle aussi. D’après les chiffres de l’Unaf, la production de miel est passée de 32 000 tonnes en 1995 à moins de 10 000 tonnes en 2017, alors que le nombre d’apiculteurs se stabilise autour de 54 000 après une forte chute entre 1995 et 2004. Et les producteurs prévoient une année 2019 «catastrophique». Pesticides, frelons asiatiques, manque de biodiversité… Les causes de ce déclin sont nombreuses, et les apiculteurs peinent à en venir à bout.


Gain de temps


Alors pour anticiper ces difficultés, le fondateur de Label Abeille, Bertrand Laurentin, un Orléanais de 33 ans, a lancé en 2015 une balance connectée pour évaluer la santé des abeilles. Une base à placer sous les ruches qui capture des données sur la colonie (poids, orientation, température, taux d’humidité etc.), consultables par l’apiculteur sur son application mobile Label Abeille. Un dispositif inoffensif pour l’abeille selon Bertrand Laurentin, qui assure que les ondes sont émises seulement lors de la transmission des données récoltées. «Jusqu’à présent, on n’a pas pu prouver leur impact, mais a priori ça ne bouleverse pas l’activité des abeilles», explique Henri Clément, porte-parole de l’Unaf. La balance permettrait même, d’après son concepteur, de réduire la mortalité des colonies et d’augmenter leur productivité.

Pour 79 euros par mois, une entreprise peut parrainer la ruche d’un apiculteur qui reçoit alors gratuitement une balance connectée, dont le prix neuf est de 760 euros. «Je voulais surveiller mes colonies, il me manquait simplement le moyen», raconte Thierry Ferrère, qui possède six balances connectées parrainées par Airbus Aerospace depuis avril. Chaque jour, il scrute attentivement l’application. Des graphiques lui exposent l’évolution du poids de ses ruches et l’alertent en cas de problème. «Ça permet de savoir si les abeilles produisent ou pas, explique l’apiculteur. Je ne suis donc pas obligé de faire des déplacements si je sais que tout va bien dans ma ruche.»



LABEL ABEILLE - La technologie pour sauver les abeilles - LibérationCompter les abeilles


A l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), ces innovations font partie d’un vaste programme de recherche depuis des dizaines d’années. Dans le centre d’Avignon, où sont installées 350 ruches, les experts ont installé plusieurs balances connectées il y a près de vingt ans. Les chercheurs y ont intégré différents capteurs (ajout d’un micro, capteur de vibrations, d’humidité, de CO2, de gaz, de température…) avec pour objectif de déterminer les données qui seraient les plus intéressantes à connaître pour les apiculteurs.


Didier Crauser, technicien de recherche à l’Inra, a également développé un compteur à abeilles, utile pour repérer entre autres l’essaimage, c’est-à-dire l’abandon de la colonie surpeuplée par un certain nombre d’abeilles. Ce système fonctionne grâce à des caméras à l’entrée de la ruche qui comptabilisent les entrées et les sorties des insectes, pour certains marqués par des codes-barres. Ce dispositif permet également de connaître l’historique et le dynamisme d’un groupe d’abeilles. Les experts souhaitent à l’avenir commercialiser ces compteurs, conçus au départ «à des fins scientifiques». Les apiculteurs, les institutions, et les vétérinaires pourraient ainsi bénéficier de cette version optimisée, moins chère.

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Pour Henri Clément, porte-parole de l’Unaf, ces outils sont une aide précieuse pour les apiculteurs, surtout en termes d’organisation. «Mais la technologie a toutefois ses limites», estime-t-il. Les problèmes environnementaux qui touchent les abeilles sont, en effet, loin d’être réglés. Et la canicule actuelle (juin 2019) ne devrait pas arranger la situation. Apiculteur depuis trente-cinq ans, Henri Clément ne croit pas en la capacité des outils technologiques de faire baisser la mortalité des abeilles. «Cette année en France, les apiculteurs n’ont quasiment pas sorti de miel», regrette-t-il. Raison de plus pour redoubler d’efforts.


Louise Claereboudt - Libération




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