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La ruche : une personnalité à part entière

La ruche : une personnalité à part entière

Publié le 29/10/2020

Le monde des abeilles est rempli de mystères encore non résolus à ce jour. Celui qui m’a le plus intrigué lorsque j’ai débuté l’apiculture - et qui m’intrigue toujours autant - c’est le fait que deux ruches mises côtes à côtes, sur le même site, n’auront pas pour autant le même développement. 


En tant que débutante, je pensais qu’un emplacement partagé par des ruches et des pratiques apicoles similaires, feraient l’épanouissement d’une ruche. Mais pas du tout ! Les ruches sont des individus à part entière ! En apiculture, on dit d’ailleurs que l’échelle de l’individu se situe au niveau de la colonie et non pas au niveau de l’abeille.

Lorsque j’ai débuté l’apiculture, on m’a souvent conseillé de conduire au moins trois ruches en même temps car on dit souvent qu’il y a des ruches “faible”, “moyenne” et “forte”. Ces termes qualifient à la fois la santé de la colonie, son aptitude à faire face aux aléas et/où à leur capacité à produire du miel.

Pour un apiculteur, il est idéal de n’avoir que des ruches dites “fortes”. Mais ces profils productifs seraient, semble-t-il, plus liés à la génétique de l’abeille qu’aux pratiques apicoles ou encore à la ruche utilisée. Encore que… à chacun son point de vue, les études ne sont pas unanimes sur la méthode.

Les apiculteurs font donc en sorte d’avoir des ruches dites “fortes”, à travers différentes pratiques apicoles (division de ruches, sélection génétiques…) ils façonnent leurs abeilles pour obtenir celles qui conviendraient le mieux à leur apiculture. 


Bertrand Laurentin nous éclaire sur la sélection génétique : 

Des experts de l’insémination ont fait leur apparition ces dernières années et l’on voit de plus en plus d’apiculteurs se spécialiser dans la vente de reines (pour des raisons économiques). Il existes des méthodes naturelles qui s’opposent à des pratiques de laboratoire. Toutes deux se valent, tout dépend du sérieux appliqué à leur pratique.

L’une des méthodes naturelles vise à sélectionner ses meilleurs colonies puis les diviser et ainsi renouveler le cheptel. Il est fait débat sur la génétique des faux bourdons qui peuvent très rapidement impacter les qualités de la colonie si ces derniers ne sont pas eux même sélectionnés… Il faut alors produire des mâles de qualité, sur une île ou un secteur isolé afin qu’il ne soit pas “pollué” par des faux-bourdons de passage ! Disons que l’on pousse la nature dans ses retranchements…Puis il y a la méthode de laboratoire qui vise à récupérer les semences de mâles sélectionnés et inséminer artificiellement des reines vierges, elles mêmes sélectionnées. Ce sont souvent ces reines qui sont à la vente. Selon leur provenance et leur race, les tarifs varient énormément. Après quelques heures/jours de transport encagée puis insérée dans une colonie vierge (sans reine), il faut par la suite suivre le développement de cette jeune reine dans un environnement nouveau. C’est pourquoi connecter chacune de ses ruches a du sens. 

Les bases connectées permettent de connaître la catégorie à laquelle la ruche appartient et en préciser sa source génétique, indiquer l'âge de la reine... Si c’est une forte productrice de miel, nous le saurons notamment grâce à l’indicateur de masse visible sur les interfaces de Label Abeille.

Il est aussi possible d’anticiper un essaimage et d’y pallier. Si la reine est morte de manière inattendue, nous le saurons aussi. Autant d’économies de gestion et de temps.

La base connectée est donc un outil qui permet de lutter contre tous ces événements courants et indésirables dans la vie d’une ruche, que l’apiculteur constate en général au cours d’une visite. En connectant sa ruche, il peut les déceler en amont de sa visite et préparer son matériel en fonction. 

Elodie & Nicolas Leullier, apiculteurs du haut des plateaux Ardéchois, nous partagent leur expérience :

Sur le plateau ardéchois, la floraison de la bruyère blanche n’est jamais certaine. Les ruches connectées nous permettent de toujours avoir un oeil sur le rucher et de ne plus partir à l’aveuglette. Si la bruyère blanche a miellé, nous savons que nous devons prendre nos hausses ou à défaut, de quoi faire des division de colonie. Nous gagnons du temps et économisons nos déplacements.

Pallier ces incidents typiquement apicoles n’est pas négligeable de nos jours puisque l’apiculteur doit aussi gérer des menaces modernes comme les aléas climatiques ou le fameux frelon asiatique par exemple.

L’abeille a encore beaucoup de chose à nous apprendre. L’intervention de l’Homme dans sa génétique peut ne pas sembler utile pour tous les défenseurs de la nature qui la pense plus préservée sans manipulations humaines. Pourtant, ce qui est certain, c’est que sans tout ce travail il n’y aurait plus d’abeilles domestiques. A méditer.

Emilie Cléguer

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